Françoise Pétrovitch

Chez Françoise Pétrovitch, le passage d’un medium à l’autre s’opère de manière naturelle et les figures s’incarnent aussi bien en deux qu’en trois dimensions. Peintures, dessins, lavis sur papier, sculptures en céramique ou en bronze, film, « tout est lié, superposé et fluide », comme le souligne la prolifique artiste. Dans cette profusion des techniques, le dessin reste pourtant la colonne vertébrale de la pratique de Françoise Pétrovitch. « Je réfléchis en termes de dessin, comme un déroulé continu de la pensée. Parfois, j’ai l’impression que je remplace l’écriture ou la parole par le dessin. » Malgré un lâcher prise dans la phase de réalisation, l’œil décèle la grande précision, la maîtrise au bon endroit d’un détail, dans lequel l’intention de l’artiste se rend immédiatement intelligible au spectateur. Les thèmes du double, de la cruauté, de l’intériorité reviennent comme des leitmotivs. Ses sujets – en particulier les adolescents, les oiseaux et les fleurs – partagent un même état de transition et une façon éthérée d’être au monde. Ils posent et se laissent observer dans une illusion d’intimité suggérée par la proximité du cadrage, intimité de surface pourtant. Les personnages préservent leur jardin secret et, dans cette réserve, nous échappent définitivement, laissant à notre propre imaginaire le soin de combler l’absence. Visuel : Nocturne, Françoise Pétrovitch, 2017. Photo Aurélien Mole, courtesy galerie Semiose.